Une série de dons brise l'unité française sur Notre-Dame
Le ministre français de la Culture a plaidé jeudi pour la fin de la controverse sur les 850 millions d'euros (950 millions d'euros) engagés pour la restauration de la cathédrale Notre-Dame, qui, selon les critiques, seraient mieux dépensés pour les pauvres.
Certaines des plus grandes entreprises et milliardaires français, parmi lesquelles les magnats des produits de luxe, François-Henri Pinault et Bernard Arnault, ont annoncé des contributions d'un montant égal ou supérieur à 100 millions d'euros pour la reconstruction de cet édifice qui a été ravagé par un incendie lundi soir.
Les sommes considérables ont pris feu dans un pays où l'inégalité de la richesse et le sort des ménages à faible revenu ont été mis en lumière au cours de cinq mois de manifestations organisées par des manifestants "au gilet jaune".
"Ce débat inutile consiste à dire" c'est trop d'argent pour Notre-Dame même s'il y a des besoins ailleurs "- bien sûr, il y a un besoin d'argent pour le système social, la santé, la lutte contre le changement climatique", a déclaré le ministre de la Culture, Franck Riester a dit à la radio du CMR.
"Mais laissons cette extraordinaire générosité montrer sa voie", at-il plaidé.
Il a dit que Notre-Dame n'était "pas seulement de vieilles pierres. C'est une partie de notre identité, c'est notre nation, la culture européenne".
La controverse a réduit à néant les espoirs exprimés par le président Emmanuel Macron que le pays divisé se "réunisse" à la suite de l'incendie, qui est largement soupçonné d'avoir été causé par des travaux de rénovation en cours sur son clocher.
"C'est très troublant de voir à quel point en France on se fait critiquer même quand on fait quelque chose", a déclaré Arnault jeudi lors d'une assemblée d'actionnaires, interrogée à propos du conflit.
Certains hommes politiques de gauche ont fait valoir que les donateurs ultra-riches pourraient le mieux aider à protéger le patrimoine culturel du pays en payant pleinement leurs impôts – ou en aidant la "cathédrale humaine" des personnes dans le besoin.
"En un clic, 200 millions, 100 millions. Cela montre l'inégalité que nous dénonçons régulièrement dans ce pays", a déclaré mercredi le président du syndicat CGT, Philippe Martinez.
"S'ils peuvent donner des dizaines de millions de dollars pour reconstruire Notre-Dame, alors ils devraient cesser de nous dire qu'il n'y a pas d'argent pour aider à l'urgence sociale (en France)", a-t-il ajouté.
Les énormes allégements fiscaux disponibles sur les dons ont également suscité un certain malaise, poussant Pinault à annoncer qu'il renoncerait à la remise sur sa contribution.
– Autres priorités –
La militante suédoise des changements climatiques, Greta Thunberg, a également utilisé le drame de Notre-Dame pour souligner son message selon lequel l'environnement devrait être la plus grande priorité.
"Notre Dame sera reconstruite, j'espère que ses fondations sont solides, j'espère que nos fondations le sont encore, mais je crains qu'elles ne le soient pas", a-t-elle déclaré mardi au Parlement européen, évoquant la lutte contre le changement climatique.
L'écrivain et historien Mike Stuchbery, écrivant sur le Huffington Post, a rappelé aux donateurs leur responsabilité vis-à-vis des pauvres.
"Il est important pour certains de se rappeler qu'un édifice aussi merveilleux a été construit pour célébrer une foi qui met l'accent sur l'aide et le réconfort des pauvres, peu importe qui ils sont", a-t-il déclaré.
En Grande-Bretagne, un article satirique en ligne est devenu viral après avoir comparé la réaction au désastre de Notre-Dame et au feu fatal qui a eu lieu à la tour Grenfell de Londres en 2017, au cours de laquelle 71 personnes ont perdu la vie.
"Les anciens résidents de Grenfell ont exprimé leur regret de ne pas avoir éclaboussé de jolis vitraux avant que leur tour ne soit incendiée", a déclaré le post sur newsthump.com.
Les vastes sommes engagées par les milliardaires pour reconstruire la cathédrale Notre-Dame ont attiré des flammes en France
Le milliardaire français François-Henri Pinault, à gauche, a promis 100 millions d'euros pour reconstruire Notre-Dame, tandis que le magnat de LVMH, Bernard Arnault, à droite, a promis 200 millions d'euros
La militante adolescente suédoise Greta Thunberg a évoqué l'ampleur des dépenses consacrées à la reconstruction de Notre-Dame pour souligner son message sur le changement climatique.