Des économistes français plaident en faveur de la marijuana légale
Paris (AFP) – Un groupe d'économistes français a recommandé jeudi de légaliser la marijuana, affirmant que cela ajouterait des milliards de dollars aux coffres de l'Etat, mais le gouvernement du président Emmanuel Macron a de nouveau exclu que les utilisateurs récréatifs soient légalement légitimes.
Le Conseil français d'analyse économique (CAE), organe chargé de conseiller le gouvernement en matière de politique, a noté que, malgré la législation européenne sur les drogues la plus sévère, les Français sont les plus gros consommateurs de pot du continent.
On estime qu'environ 700 000 personnes utilisent la drogue chaque jour en France, sur une population totale de 67 millions.
"Le système de prohibition promu par la France au cours des 50 dernières années a été un échec", a déclaré la CAE dans un rapport, accusant l'interdiction d'alimenter le crime organisé.
Le rapport, qui n'a pas été commandé par le gouvernement, survient dans un débat grandissant en France sur l'opportunité de suivre l'exemple de l'Uruguay, du Canada et de 11 États américains dans la légalisation de la marijuana à des fins récréatives.
Plus de 70 personnalités, y compris le chef du parti français des Verts, qui a fortement progressé lors des dernières élections européennes, ont signé mercredi une lettre dans le magazine d'information l'Obs appelant à la légalisation de cette drogue, la qualifiant de "pragmatique". choix.
Mais les enquêtes montrent qu'une faible majorité des Français restent opposés à la légalisation du pot.
Le CAE a estimé que, sur la base d'une consommation annuelle de 500 à 700 tonnes, les taxes sur les pots légaux pourraient rapporter jusqu'à 2,8 milliards d'euros (3,2 milliards de dollars) à l'État et créer jusqu'à 80 000 emplois.
Faisant valoir que les recettes fiscales provenant de la marijuana légale pourraient aider à financer les efforts de lutte contre le trafic, il a appelé à la création d'un monopole d'État sur l'octroi de licences de production et de vente de la drogue.
Mais l'administration centriste de Macron a salué la proposition, affirmant qu'elle n'envisagerait que la légalisation de la marijuana à des fins médicales.
"La position du gouvernement est très claire: nous sommes contre la légalisation à des fins récréatives", a déclaré jeudi la ministre des Transports, Elisabeth Borne, à la télévision LCI.
– Les drogues 'corrodent des zones entières' –
Un rapport de l'UE en 2015 sur la consommation d'alcool et de drogues chez les 15 et 16 ans a montré que les adolescents français étaient parmi les plus gros fumeurs de dope en Europe.
L'année dernière, le gouvernement a assoupli les peines imposées aux personnes qui fument la drogue.
Tandis que dans le passé, ils risquaient de lourdes amendes et une peine d'un an d'emprisonnement – en pratique, la plupart d'entre eux étaient assortis d'un avertissement – ils courent désormais tout le risque d'une amende immédiate de 200 euros (226 $).
Le gouvernement s'est engagé à concentrer ses efforts de lutte contre la criminalité sur le trafic de drogue. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a déclaré au Parlement ce mois-ci que c'était l'une de ses priorités pour l'année prochaine.
Il a annoncé son intention de "harceler les points de vente" et de "renverser les patrons des syndicats" afin de lutter contre un commerce "qui corrode des régions entières du pays", en particulier les tours de banlieue de villes telles que Paris et Marseille.
Pendant ce temps, le débat sur la légalisation du médicament semble traîner en longueur.
Un groupe de députés, issus pour la plupart de petits partis de gauche mais aussi d'une poignée du parti de la République en mouvement (LREM) de Macron, a déposé ce mois-ci un projet de loi appelant à une "légalisation contrôlée".