La Nouvelle-Zélande et la France vont lancer un appel pour mettre fin à l'extrémisme en ligne
PARIS • Facebook a annoncé hier qu'il resserrerait l'accès à sa fonction de diffusion en direct alors que la première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, et le président français, Emmanuel Macron, se préparaient à lancer l'initiative mondiale "Christchurch Call" pour lutter contre la propagation de l'extrémisme en ligne.
"C'est un plan d'action, c'est le début de quelque chose", a déclaré Mme Ardern à CNN dans une interview hier.
De nombreux pays ont déjà resserré leur législation pour introduire des sanctions pénales pour les entreprises qui ne parviennent pas à supprimer un contenu offensant une fois que celui-ci est signalé par les autorités.
"Nous devons nous attaquer à ce problème avant que le mal ne soit fait", a ajouté Mme Ardern. "Il ne s'agit pas seulement de réglementation, mais d'amener les entreprises à la table et de dire qu'elles ont également un rôle à jouer."
Mme Ardern et M. Macron étaient sur le point de publier l'appel de Christchurch avec des dirigeants britanniques, canadiens, norvégiens, jordaniens et sénégalais, également à Paris.
L’initiative, largement symbolique, a pour but de maintenir la pression sur les sociétés de médias sociaux, qui doivent faire face à de plus en plus d’appels d’hommes politiques du monde entier pour faire cesser les abus de leurs plateformes.
L'appel de Christchurch intervient après la condamnation, par un suprémaciste blanc soi-disant, de 50 personnes dans deux mosquées de Christchurch en mars, et a diffusé en direct des images de la violence sur Facebook depuis une caméra montée à la tête.
"J'ai parlé à Mark Zuckerberg directement à deux reprises maintenant … et il a apporté son soutien à Facebook pour cet appel à l'action", a déclaré Mme Ardern.
Le titan des médias sociaux a annoncé hier qu'il interdirait les utilisateurs de Facebook Live partageant du contenu extrémiste et chercherait à renforcer ses propres contrôles internes pour mettre fin à la diffusion de vidéos offensantes.
"Après les horribles attentats terroristes récents en Nouvelle-Zélande, nous examinons ce que nous pouvons faire de plus pour empêcher que nos services ne soient utilisés pour causer du tort ou propager la haine", a déclaré le vice-président à l'intégrité de Facebook, Guy Rosen.
Une politique "en une seule action" sur Facebook Live s'appliquera à un plus grand nombre d'infractions. Les personnes qui enfreignent des règles graves sont suspendues de l'utilisation de la fonctionnalité après une seule infraction.
La réunion politique à Paris se déroulera parallèlement à une initiative lancée par M. Macron intitulée "Tech for Good", qui réunira 80 responsables techniques pour discuter de la manière de tirer parti des technologies au service du bien commun.
Les chefs des géants américains de la technologie Wikipédia, Uber, Twitter, Microsoft et Google seront présents, mais pas M. Zuckerberg, qui a eu un entretien privé avec M. Macron la semaine dernière.
Le géant des réseaux sociaux sera plutôt représenté par son vice-président pour les affaires internationales et les communications, M. Nick Clegg, ancien vice-Premier ministre britannique.
Le gouvernement américain n'a pas approuvé l'appel de Christchurch et ne sera représenté qu'au niveau subalterne lors d'une réunion des ministres du G-7 sur le numérique, qui devait également se tenir hier à Paris.
Une source présidentielle française a déclaré qu'il était temps que les sociétés de technologie "anticipent la manière dont leurs fonctionnalités seront exploitées".
Les entreprises elles-mêmes seront invitées à proposer des mesures concrètes, a précisé la source, notamment en limitant la diffusion en direct aux comptes de médias sociaux dont les propriétaires ont été identifiés.
AGENCE FRANCE-PRESSE