Le Maroc considère la France comme un "ami exceptionnel et exceptionnel"
Rabat – Saad Eddine El Othmani, chef du gouvernement marocain, a nourri l’idée que, malgré les désaccords épisodiques et une histoire chargée d’émotions, les peuples français et marocains ont conservé des «liens privilégiés» d’amitié.
S'exprimant dimanche à Rabat lors d'une cérémonie commémorative du 14 juillet, El Othmani a déclaré que la France et le Maroc avaient traversé des périodes difficiles pour rester des amis exemplaires, "exceptionnels". Le 14 juillet est l’équivalent le plus proche du Jour de l’Indépendance en France. Il marque l'anniversaire de la prise de contrôle de la prison de la Bastille, moment décisif de la Révolution française de 1789.
Pour ajouter du poids à son idée de la France et du Maroc partageant une sorte d'amitié «spéciale, singulière», El Othmani a souligné que les deux pays se soutenaient toujours mutuellement dans l'agenda sur des questions d'une «importance particulière» pour leurs «causes nationales». (Sur la scène internationale, la France est l'un des plus ardents défenseurs du plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, proposition que Paris a maintes fois qualifiée de crédible et politiquement réalisable.)
La remarque d’El Othmani allait toutefois au-delà des dimensions politiques de l’amitié franco-marocaine.
Dans son discours du 14 juillet, le ministre marocain a souligné en particulier le côté humain, culturel et économique de la "relation exceptionnelle" que les deux pays ont entretenue au fil des ans.
20 ans de marche des gardes royaux marocains à Paris
L’enthousiasme d’El Othmani pour l’amitié «exceptionnelle» vient également 20 ans après que la France a autorisé un contingent important de 360 éléments de la Garde royale marocaine à défiler sur l’emblématique Avenue des Champs-Élysées.
Vêtues de couleurs faisant écho au drapeau français et de chansons entonnantes imprégnées de «l'esprit franco-marocain», les 360 gardes royaux ont ajouté une touche marocaine à la marche de leurs homologues français à cette occasion. Ce jour-là, feu le roi marocain Hassan II, connaisseur de l’histoire française, qualifié par le gouvernement français «de bon ami de la France», a assisté aux festivités en tant qu '«invité d'honneur distingué».
Faisant référence entre parenthèses à cet épisode singulier de l’histoire de la relation franco-marocaine, El Othmani a souligné que, sur le plan humain et culturel, la France et le Maroc partagent des valeurs profondes et profondément enracinées que la direction politique des deux pays ne peut que maintenir et nourrir.
Les déclarations d’El Othmani arrivent à un moment fragile pour la réputation de la France dans ses anciennes colonies.
Les relations de la France avec ses anciennes colonies sont entourées d’une suspicion d’exploitation et de néo-colonialisme. Beaucoup les critiques disent que la pertinence de la France en tant que «grande nation» ou puissance mondiale n’a été possible que grâce à la colonisation continue par le pays européen de territoires autrefois sous son autorité.
Pourtant, semblait suggérer le chef du gouvernement marocain, un nouveau type d’amitié est possible entre les deux anciens amis «spéciaux». C’est une amitié qui réaffirme les mêmes valeurs qui la sous-tendent maintenant, mais aussi des modifications mineures qui seraient apportées pour s’accorder avec les priorités de chaque gouvernement.
L’enthousiasme d’El Othmani pour les relations franco-marocaines a préséance dans les milieux politiques français.
Récemment parlant après rapports que le Maroc est le deuxième pays au monde à recevoir le plus grand nombre de visas français, Jean Yves-Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré que le nombre élevé de Marocains résidant en France et le nombre tout aussi important de visas français délivrés à Chaque année, les Marocains illustrent les liens historiques et culturels qui unissent les deux pays.
"Nous avons la volonté de continuer ensemble dans un véritable partenariat", a déclaré le diplomate français, soulignant que la contribution de la France à la réalisation du projet de train à grande vitesse marocain constituait un argument supplémentaire en faveur de la solide amitié.
Le roi du Maroc, Mohammed VI, partage l’enthousiasme d’El Othmani et de Le Drian pour la relation «exceptionnelle» franco-marocaine.
En avril de cette année, alors que la France et le monde entier pleuraient l'emblématique cathédrale Notre-Dame de Paris, le roi du Maroc fut l'un des premiers dirigeants mondiaux à rejoindre la France dans le deuil d'une tragédie qui aurait "affecté la vie de millions de fidèles". Dans les jours qui ont suivi, le roi Mohammed VI a chargé le gouvernement marocain d’envoyer une importante contribution financière aux efforts de reconstruction de Notre-Dame.
Plus important peut-être, le roi a également fait part de ses réflexions sur les commémorations du 14 juillet pendant le week-end, félicitant le président Emanuel Macron pour cet événement historique.
Après avoir évoqué l’importance historique de l’événement, le roi du Maroc a ensuite souligné les liens historiques profondément enracinés. Il s'est enthousiasmé pour le "partenariat franco-marocain sans doute exceptionnel."
Alors que le gouvernement français et le gouvernement marocain s’efforcent de répondre aux attentes de leurs peuples et de relever les défis mondiaux tels que le développement durable, le roi a souligné que les "relations bilatérales des deux pays devraient réaffirmer la singularité de notre amitié".