France. Les autorités doivent arrêter un navire honteux chargé d'armes destiné à l'Arabie Saoudite

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France. Les autorités doivent arrêter un navire honteux chargé d'armes destiné à l'Arabie Saoudite

Un navire cargo saoudien censé transporter des véhicules blindés canadiens en Arabie saoudite doit être arrêté en France, a déclaré Amnesty International ce jour, alors que le navire transitait par le port maritime de Marseille-Fos.

L'organisation a mis en garde sur le risque sérieux que le matériel militaire se trouvant à bord du Bahri Tabuk soit utilisé par les forces armées saoudiennes pour commettre des crimes de guerre et d'autres exactions au Yémen. L'Arabie pourrait aussi être chargé à Marseille-Fos.

Le calendrier de la société de transport maritime Bahri indique que le Bahri Tabuk devait initialement se rendre à Gênes après son escale au Canada, mais a été redirigé vers Marseille.

Les 9 et 10 mai 2019, un autre cargo, l'Arabie saoudite, le Bahri Yanbu, a été empêché d'accoster dans le port du Havre, où il devait charger une cargaison d'armes françaises, à la suite d'une action en justice intentée par des ONG françaises et d'un contrôle public accru.

«Nous avons des raisons de craindre que le chargement d'armes qui a été bloqué sur le Bahri Yanbu le soit à son tour sur le Bahri Tabuk», a déclaré Aymeric Elluin, responsable du soutien des armes à Amnesty International France.

«Nous ne devons pas permettre à ce navire de honte de charger une cargaison dangereuse d’armes françaises ou de transporter des armes d’autres pays, comme le Canada, en Arabie saoudite. L’arrivée du Bahri Tabuk est un nouveau test de la volonté de la France de respecter les obligations qui lui incombent en vertu du Traité sur le commerce des armes (TCA) et de la Position commune de l’Union européenne sur le contrôle du courtage en armements. "

En tant que signataire de ces deux instruments internationaux, la France ne doit pas autoriser le transit d'un navire s'il existe un risque majeur ou manifeste que les armes transportées par le navire soient utilisées pour commettre ou faciliter des abus tels que des crimes de guerre.

Armes françaises pour l'Arabie Saoudite

Le 28 mai, l’organisation de médias Disclose a révélé que, selon ses sources, le Bahri Tabuk devrait charger en France des munitions destinées à des obusiers de César vendus à l’Arabie saoudite aux termes du contrat OASIS 6. Cette expédition, si elle devait aller de l'avant, serait en contradiction avec l'article 6.3 du Traité sur le commerce des armes, qui stipule que les transferts ne doivent pas être autorisés s'il existe un risque que l'équipement soit utilisé pour commettre des violations des droits de l'homme, y compris la guerre. crimes.

La France est l'un des nombreux États parties au TCA, qui continue de fournir des armes à l'Arabie saoudite malgré le risque évident qu'elles soient utilisées pour commettre des crimes de guerre au Yémen. En continuant de fournir des armes à l’Arabie saoudite, la France ignore de manière flagrante ses obligations internationales.

Selon une analyse récente du Observatoire économique de la défense (Observatoire économique de la défense), les exportations françaises d’armes ont été dynamisées en 2018, notamment grâce à la livraison de véhicules blindés à l’Arabie saoudite. Ces véhicules de combat blindés VAB MAK3 sont construits par Arquus et équipés de tourelles de tir de moyen calibre ARX25, fabriquées par Nexter.

Véhicules blindés canadiens

Le 17 mai 2019, le Bahri Tabuk a quitté le port de Saint John au Canada. Selon des témoignages crédibles et des photos obtenues par Amnesty International, il est fort probable que se trouve à bord du navire une cargaison de véhicules blindés légers canadiens destinés à l'Arabie saoudite. Auparavant, Amnesty International était en mesure de confirmer que le premier navire, le Bahri Yanbu, avait transporté des véhicules blindés canadiens en Arabie saoudite lors d'un voyage effectué en octobre 2018.

Un certain nombre de médias canadiens ont relayé des images publiées sur les médias sociaux par des membres de la Garde nationale saoudienne, ce qui semble confirmer que ces véhicules blindés ont été vus il y a quelques mois autour des zones frontalières instables avec le Yémen. Amnesty International n'a pas été en mesure de vérifier ces informations.

Amnesty International appelle le Canada, qui est en train d'adhérer au traité sur le commerce des armes, à aligner sa législation nationale sur les obligations qui lui incombent afin que de telles exportations ne puissent plus avoir lieu.

Amnesty International et ses partenaires continueront de surveiller de près les mouvements de navires saoudiens soupçonnés de transporter du matériel militaire et dénonceront les États qui font fi de leurs obligations juridiques internationales.

Contexte

  • Bahri, une société saoudienne, a signé un contrat de cinq ans (2014-2019) avec le ministère saoudien de la Défense et est devenue le transporteur logistique exclusif d'armes de guerre achetées par l'Arabie saoudite à l'étranger, ainsi que le transporteur exclusif du Forces armées saoudiennes sur terre, sur mer et dans les airs pendant la durée du contrat.
  • Au moment de la publication de ce communiqué de presse, sept journalistes qui travaillaient sur les révélations des «Yemen Papers» avaient été interrogés par la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le procureur de Paris après une plainte a été déposée par le ministre des Forces armées, les accusant de "compromettre la défense nationale”. Amnesty International a lancé une action urgente en faveur de leur défense.
  • En 2014, le Canada a signé avec l'Arabie saoudite le plus important contrat d'armes de son histoire, approuvé en 2016 par le gouvernement de Justin Trudeau. Le contrat porte sur l’exportation de véhicules de combat blindés d’une valeur de 14 milliards de dollars canadiens. Cela inclut notamment la livraison de 928 véhicules blindés légers VBL 6 fabriqués par General Dynamics Land Systems (Ontario). Depuis lors, Amnesty International Canada et une coalition d'ONG se sont mobilisées pour empêcher leur diffusion.

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